Mohamed Abbou: "Nous serons l'alternative après Ennahdha et Nidaa"
Lors de son intervention dans Midi-Show, aujourd’hui, lundi, 15 février, le Secrétaire Général du parti Attayar, Mohammed Abbou, a répondu à la question de Boubaker Ben Akecha quant à la manière d’analyser les protestations sur l’emploi, qui vont crescendo.
« Je vais redire ce que je dis depuis 2011, certes une situation postrévolutionnaire fait qu’il y ait de mauvaises conditions et que le chômage soit de plus en plus important, mais si l’on se sait non capables de gérer une telle période, pourquoi gouverner ? Aujourd’hui, on entend des tas de promesse. Et qu’on soit honnêtes : le problème du chômage ne sera pas résolu en 2016. C’est tout simplement impossible. L’Etat doit convaincre l'opinion publique, qu’aujourd’hui, il n’y a plus de pistons pour avoir droit à un post. L’Etat doit également comprendre que sans combattre la corruption il n’y aura ni investissements, ni nouveaux postes d’emploi. Il faut toute une assise saine pour venir à bout de ce problème.
"Où le gouvernement manque de volonté de combattre la corruption, où il a échoué"
"Chaque gouvernement, ajoute-t-il, est jugé selon ses résultats. Or, si je prends l’exemple de Habib Essid, en tant que ministre, il est tout à fait habilité à faire passer des lois, il a des prérogatives et plusieurs idées lui sont exposées, mais il ne prend pas de mesures fermes. La Tunisie a besoin de quelqu’un qui sait gouverner. Et ceci n’est pas des devoirs de l’opposition. Celle-ci ne peut que donner des visions. Mais il faut que le gouvernement ait une véritable volonté pour le changement. Ceci nécessite de simplifier les longues procédures. La douane vit en plein dans la corruption. Et que fait-on ? Rien, ou presque. Donc, ou bien ils n’ont pas la volonté de changer, ou bien ils ont échoué ! On dit qu’on a besoin de 500 juges et qu’attendons-nous pour les recruter ? Ce n’est pas en ayant peur qu’on va avancer. Il faut des gens forts et qui ont confiance en eux pour combattre la corruption et encourager les investissements. Je cite aussi l’exemple des contrôleurs, on n’en a que 120. C’est un nombre ridicule qui ne pourra jamais contrôler. Parce qu’on a besoin de gens qui mènent leur enquête et qui n’attendent pas qu’un crime soit commis pour agir. On ne doit pas attendre l’ordre d’un ministre pour contrôler".
« Le ministère et l’Instance contre la corruption : l’dée est bonne, mais pas encore efficace »
A la question s’il ne juge pas la mise en place d’un ministère de lutte contre la corruption et d’une Instance et la désignation de Chawki Tebib, à la tête de l'Instance nationale de lutte contre la corruption, comme des points concrets contre la corruption, Abbou a reconnu que l’idée est très bonne.
« Le ministère est une bonne initiative. Mais qu’a-t-il fait une année après avoir été créé ? En réalité il s’agit d’un ministère sans prérogatives ni autorité. C’est à croire qu’il ne s’agit que d’une image. Je répète qu’il faut des mains fortes et une Instance forte. Autrefois les rênes étaient entre les mains des Trabelsi, aujourd’hui, elles sont entre les mains des plus offrants. Je dis à Chawki Tebib de bien connaitre l’historique depuis 2012. Il y a peu d’employés à l’Instance et très peu de prérogatives lui sont accordées. Je lui dis donc d’agir et d’arrêter de sauter d’un plateau télévisé à un autre et de commencer les choses sérieuses Et on est derrière lui pour le soutenir.
"Le projet de loi qu’on propose, combattra la corruption"
Concernant le projet de loi qu’Attayar a présenté, Abbou a dit que celui-ci instaurera la transparence et ce, la publication des biens et la lutte contre l'enrichissement illégal. « Celui qui a une fortune illégitime va devoir, selon le projet de loi, passer six ans en prison avec saisie de ses biens. Et ceci ne concerne pas seulement les fonctionnaires, mais aussi les associations, les partis politiques et les médias. On doit prouver les sources légales de sa richesse, c’est ainsi qu’on peut combattre la corruption. Le projet de loi a déjà été déposé et on espère qu’il ne va pas trainer comme c’était le cas lors du règne d’Ennahdha. Nous avons besoin du soutien des medias et de la société civile avec nous pour faire pression. Les corrompus représentent une minorité et la majorité est spectatrice. Alors à nous de s’unir et d’agir ! »
"La nouvelle union de nos trois partis serait l’alternative pour les Tunisiens"
Dans un autre contexte, Abbou a répondu quant à l’éventuelle coalition entre plusieurs partis. Il a répondu que trois partis sont actuellement concernés par cette coalition, il s’agit d’Attayar, Ettahalof et Ettakattol. Abbou a répondu que des négociations sont en cours depuis déjà un moment et qu’une décision sera prise d’ici la fin de ce mois. Et que même si il y aura une coalition, chaque parti gardera sa spécificité et il n’y aura aucun problème de leadership. « Si on peut être ensemble, c’est tant mieux, parce qu’on peut offrir un grand projet. Cette union pourrait offrir l’alternative aux Tunisiens qui ont essayé Ennahdha et ont été déçus et on aussi essayé Nidaa et ont été déçus »